Vendredi noir ou vert ?
Le Black Friday. On en entend parler facilement un mois avant que le carnage commercial ne commence. Ce matraquage permanent, j’ai du mal à supporter🤢… D’ailleurs, je n’ai jamais cédé à cette folie acheteuse. Car c’est vraiment une folie acheteuse, non ? Plus de fringues. Plus de chaussures. Plus de techno. Plus de trucs dont on n’a pas, mais alors pas du tout besoin… À l’heure où on parle de durabilité, de consommation responsable… A part enrichir certaines grosses entreprises et leurs actionnaires, je ne vois pas l’intérêt. Encombrer encore le peu d’espace dont on dispose pour vivre, faire circuler des millions de colis (en asservissant encore plus les livreurs), bourrer ses placards ? Pas très enrichissant. Dans tous les sens du terme…
Cette année, pourtant il semble qu’il y ait du nouveau, puisque plusieurs entreprises ont décidé de ne pas participer au démoniaque Black Friday, et de lui donner une portée écologique. L’initiative Make Friday Green Again est un collectif (initié par Nicolas Rohr de la marque de mode Faguo) qui invite les entreprises à ne pas participer à ce désastre. Plein de boîtes, petites (Ho Karan pour la beauté par exemple, Les Petits Bidons…) ou encore de plus grosses comme Nature et Découvertes, participent aussi mais cette dernière reste une exception. Déjà plus de 200 entreprises enrôlées.
De son côté Ning Li, le fondateur de Typology, a lancé #Blackforgood. Son idée : reverser tout ou partie de ses profits à une ONG ou une association de son choix. Typiquement, une organisation impliquée dans l’écologie. Donc pas de réductions, mais un geste significatif et encore une fois, ça vient d’une start up ! Dans les entreprises qui le suivent, on retrouve des boîtes cosmétiques (Nuoo, All Tigers, Gallinée, Les Petits Prodiges…) mais pas que. Des centaines ont répondu présentes. Et les grosses entreprises dans tout ça ? Absentes, encore et toujours.
Pourtant elles auraient gagné à se joindre à l’un de ces deux mouvements. Au moment où les consommateurs accordent de plus en plus d’importance aux engagements. Elles qui ont tant de moyens. Une belle occasion de changer d’image, d’envoyer un signal vertueux et lourd de sens (à défaut de s’abstenir de participer à la gabegie générale). Bref, une occasion loupée, encore une fois.
J’ai demandé à Ning Li, le créateur de Typology qui a lancé le mouvement #Blackforgood de m’expliquer son initiative. Retrouvez mon entretien avec Ning Li, No Black Friday Thanks !
Et puis, il y a toujours des entreprises dont on peut douter de la sincérité, tellement leur initiative ressemble à de la bonne conscience (un peu comme le loup déguisé en mouton…). Ecoutez plutôt : à l’occasion du Black Friday, la marque en question offre 25% de réduction (ça commence mal !). Puis, pour chaque commande passée pendant le black friday (qui comme chacun sait dure le temps d’un « week-end prolongé » voire toute une semaine pour certains…), elle offre des échantillons (génial pour réduire les déchets, bravo !). Et pour plus de 50 € d’achat, elle offre un de ses best sellers en format réelle. Ah oui, pour la bonne conscience toujours, 5% des ventes (merci, fallait pas !) seront reversés à une association dont la mission est justement de combattre la pollution engendrée par le plastique. OK, cette boîte utilise du plastique recyclable pour quasiment tous ses contenants. Mais y’a pas comme une absurdité, là ??? Car même si c’est du plastique recyclé, ça reste un déchet, on est d’accord. J’ai du mal à comprendre : un discours « écolo-militant » d’un côté, mais business is still business de l’autre.
Moralité : rien ne change. La planète peut bien attendre.🤔